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Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/275

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toute la lumière, une vingtaine d’individus, à mines patibulaires, aux fronts fuyants, aux nez en bec d’oiseau, aux regards louches et à la moustache outrageusement relevée et poignardant le ciel, étaient réunis.

Ces individus, littéralement vêtus de guenilles sordides disposées sur leur corps, avec ce talent que possèdent si bien les Espagnols et qui, au besoin, leur permettrait de se draper dans une ficelle, étaient épars ça et là autour des tables, couchés, assis, debout et affectant les poses et les attitudes les plus fantastiques.

Mais tous étaient formidablement armés.

Non-seulement ils avaient sur la hanche de longues rapières à la poignée en coquilles, mais encore tous portaient des pistolets à la ceinture, et de larges poignards à manches de corne dans la botte droite.

Le capitaine chercha un instant son ami au milieu de la foule bigarrée de ces gentilshommes de grands chemins.

Il ne tarda pas à l’apercevoir, assis sur la seule chaise qui se trouvât dans la salle, le dos appuyé au dossier, la tête rejetée en arrière et fumant, suivant son habitude, un excellent cigare.

Au moment où le flibustier mettait l’œil à la fente, don Torribio Moreno avait la parole : les bandits l’écoutaient avec recueillement.

— Caballeros ! disait-il nonchalamment en lâ-