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Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/325

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pour leur révéler ainsi ton nom, avant que d’être certain de la réussite de l’entreprise ?

— Vrai s’écria don Torribio en saisissant avec un vif mouvement de joie la main du capitaine, ils ignorent mon nom ?

— Parfaitement.

— Écoute, mon vieux Barthélemy, s’écria-t-il avec égarement, tout cela me bouleverse si complètement que je ne sais pas encore ce qui arrivera ; laisse-moi réfléchir, je te répondrai ce soir. Quant à présent, sache bien ceci : tu m’a demandé tout à l’heure à régler nos comptes, n’est-ce pas ? Eh bien, je te donne ma parole que si tu m’es fidèle ami et bon camarade, ta récompense dépassera tout ce que tu as pu désirer.

— Merci, dit le capitaine d’un air narquois, je retiens ta parole.

— Mais de ton côté…

— Silence complet, c’est entendu.

Don Torribio s’élança comme un fou hors de la cabine, descendit dans son embarcation, et quitta immédiatement le navire sans même prendre congé du capitaine.

— Tout cela est fort beau, murmura en ricanant le flibustier dès qu’il fut seul ; mais deux précautions valent toujours mieux qu’une : je ne le perdrai pas de vue, c’est un serpent dont il faut se méfier.