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Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/348

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Don José se retourna brusquement :

— Vous, vous aussi vous me trahissez ! s’écria-t-il avec une douloureuse colère.

— Je ne vous trahis pas, don José, puisque je suis à vos côtés, prêt à mourir avec vous. Le chagrin vous égare.

— C’est vrai ! je suis fou ! j’ai tort ! répondit-il avec amertume, pardonnez-moi, mon ami ; mais vous ne savez pas, vous ne pouvez pas savoir tout ce que je souffre.

— Et moi, est-ce que je ne souffre pas, don José ? Est-ce que mon honneur de soldat n’est pas aussi compromis que le vôtre ? Ne suis-je pas père aussi ; et Dieu sait combien j’aime ma fille ! pauvre chère et douce enfant ! Eh bien, sur mon honneur, je vous le jure, j’ai la conviction que doña Lilia est aussi en sûreté sous la garde de cet homme que si elle était près de moi.

— Eh ! s’écria don José Rivas avec impatience, supposez-vous donc par hasard que je ne sais pas tout cela aussi bien que vous ?

Don Lopez le regarda avec étonnement.

— S’il en est ainsi, je ne vous comprends pas, mon ami, dit-il.

— Vous ne pouvez pas me comprendre, en effet, mon ami, murmura don José Rivas en souriant avec amertume.

Ils continuèrent rapidement, mais silencieusement leur route.