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Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/57

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Pourtant, le premier moment de surprise et d’hésitation passée, on s’expliqua.

L’engagé raconta franchement et naïvement son histoire ; quelques-uns des boucaniers le reconnurent et s’intéressèrent à lui.

Séance tenante, ils s’assemblèrent en conseil.

Après mûre délibération, ils déclarèrent que Boute-Feu avait abusé des droits que la coutume de la Côte lui donnait sur son engagé ; que, par ses mauvais traitements continuels et surtout son abandon odieux il avait tacitement renoncé aux services de celui-ci et rompu son engagement ; que, par conséquent, il était déchu de tous ses droits sur lui, et que l’engagé, libre de fait, devait de droit être déclaré tel.

Cette résolution prise à l’unanimité, on l’exécuta sur-le-champ : Ourson, tel fut le nom dont on baptisa gaiement notre héros, et qu’il accepta de bonne grâce ; car en vérité, il ressemblait bien plus à un ours qu’à un homme ; Ourson fut reçu Frère de la Côte, et admis à jouir de tous les privilèges des boucaniers et des flibustiers.

Les nouveaux amis de l’ex-engagé ne s’en tinrent pas là ; ils lui donnèrent des vêtements, des armes, de la poudre, du plomb, et le menèrent avec eux à Port-Margot, puis renouvelèrent leur déclaration devant le gouverneur, M. d’Ogeron, et la firent sanctionner par lui, malgré la vive opposition de Boute-Feu, qui s’obstinait à revendiquer