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Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/77

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— Ce ne sera pas moi ! s’écria Montbarts. C’est tenter Dieu, cela !

— Tu te trompes, Frère ! c’est au contraire faire éclater devant tous son infaillible puissance ; prends le cornet et jette les dés.

— Non, sur mon âme, je ne le ferai pas.

— Je t’en prie, Frère.

Montbarts hésitait.

– Joue donc, as-tu peur ? joue, répétait machinalement Boute-Feu, replié sur lui-même comme un tigre aux aguets, les mains crispées sur la table, le regard fixe et égaré.

Le flibustier mit presque de force le cornet dans la main de Montbarts.

— Va, et ne crains rien, dit-il.

— Que Dieu me pardonne ! murmura Montbarts et il jeta les dés en détournant la tête.

— Au même instant, un cri strident se fit entendre, qui n’avait rien d’humain : Ourson fut brusquement tiré en arrière par une main inconnue ; un coup de feu retentit et une balle alla, avec un sifflement sinistre, se loger avec un bruit mat dans une des poutres du plafond.

Tout cela se passa si rapidement qu’une minute à peine s’écoula entre le cri et le coup de feu.

Quand les flibustiers revinrent de la stupeur causée par cet incident étrange, ils aperçurent le boucanier renversé sur la table et maintenu, malgré ses efforts, par la main puissante du beau Laurent ;