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Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/183

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faires sont terminées par ici ; demain, au lever du jour, nous nous mettrons en route.

Olivier, sans en comprendre les motifs, avait été fortement intéressé par ces nouvelles, que son compagnon lui avait données un peu à bâtons rompus et sans y attacher aucune importance réelle.

Le chasseur, au contraire, avait été frappé par un de ces pressentiments que l’on éprouve, sans savoir d’où ils viennent, à l’approche d’une grande joie, d’une grande douleur ou d’un danger terrible.

Lui, d’ordinaire si indifférent à tout ce qui avait trait à la vie civilisée, se sentait ému malgré lui ; il voulait se mettre à la recherche de ces étrangers, les retrouver et même les défendre au besoin.

Une seule phrase, bien courte, prononcée peut-être au hasard par Belhumeur, avait suffi pour opérer une révolution complète dans l’esprit d’Olivier.

— Ces voyageurs singuliers sont des marins, avait-il dit.

Ces mots avaient ouvert un horizon immense au jeune homme ; ces inconnus étaient subitement devenus ses amis, presque des frères pour lui ; malgré tous ses efforts pour reprendre son indifférence passée, il se sentait irrésistiblement attiré vers eux, et souvent un nom montait de son cœur à ses lèvres, et il se surprenait à le prononcer tout bas, sans même y songer.

Ce nom était celui de son matelot Ivon Lebris : ce cœur si dévoué, cette âme si loyale, ce dévouement si profond, que rien n’arrêtait jamais !

Et au fond de son cœur, une voix répétait à Olivier : C’est lui ! c’est Ivon ! il te cherche ! t’obsti-