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Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/185

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Au milieu de ces quatre nations se glissent et fourmillent les bandits blancs ou métis, chassés des villes par leurs méfaits : venant là pêcher en eau trouble, et s’associant tantôt avec une nation, tantôt avec une autre.

Entre les Indiens et les bandits, les chasseurs et les coureurs des bois qui se risquaient dans cette contrée, qui pour eux était un véritable coupe-gorge, se trouvaient fort empêchés ; ils avaient besoin non-seulement d’un courage à toute épreuve, mais encore d’une extrême prudence et d’une connaissance approfondie de toutes les ruses qui forment le fond de la tactique indienne, pour échapper sains et saufs aux piéges et aux embûches incessamment dressés sous leurs pas.

Depuis cinquante-sept jours, Olivier et Belhumeur étaient en marche ; ils avaient franchi des distances immenses, bravé des périls de toutes sortes, et supporté des fatigues auxquelles seuls pouvaient résister des hommes aussi vigoureusement charpentés et aussi accoutumés à la vie du désert, que l’étaient nos deux chasseurs. Ils apercevaient à l’horizon les ruines, encore visibles et s’émiettant peu à peu au soleil, d’une ville fondée bien des siècles auparavant par les Chichimèques, pendant une de leurs mystérieuses migrations vers la terre d’Anahnac, qu’ils allaient civiliser.

Aux derniers rayons du soleil couchant, les chasseurs voyaient briller les eaux jaunâtres et bourbeuses du rio Gila, à son confluent avec le rio Puerco ; au milieu d’une immense plaine couverte de sable d’un gris sale, mêlé de débris de poteries de toutes sortes, ils voyaient se dresser, comme une sentinelle solitaire, veillant