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Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/186

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sur la ville morte, la masse lourde, massive, mais encore presque intacte du bâtiment étrange auquel on a donné le nom caractéristique de maison de Moctecuzoma. Puis, tout au fond, sur la gauche, verdissaient les sombres frondaisons d’une immense et presque impénétrable forêt de chênes noirs.

Les chasseurs, fatigués d’une longue course, établirent leur campement provisoire sur le bord même du Gila, que provisoirement ils ne voulurent pas traverser ; ils allumèrent leur feu de veille, préparèrent leur souper, et donnèrent à leurs chevaux leurs soins minutieux de chaque jour.

Belhumeur avait choisi avec beaucoup de discernement l’endroit où le campement devait être établi : du côté de la forêt dont les chasseurs avaient émergé au coucher du soleil, le bivouac était complètement masqué par un épais et inextricable fourré d’arbres épineux, cactus vierges, aloès géants et autres ; du côté de la rivière, un chaos de hauts rochers sans ordre, mais à travers lesquels on pouvait facilement circuler, leur offrait un abri impénétrable à la curiosité féline des espions indiens ; les chevaux avaient été placés dans un enfoncement assez profond, où ils étaient parfaitement en sûreté sous l’œil de leurs maîtres ; le feu avait été allumé dans un autre enfoncement, derrière quelques quartiers de roches, et se trouvait ainsi complétement invisible.

En somme, grâce à leurs précautions si bien prises, les deux chasseurs étaient dans une forteresse presque inabordable de tous les côtés, et dans laquelle il était impossible de soupçonner leur présence, à moins de les savoir positivement là.