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Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/187

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Le souper fut triste et silencieux ; les deux hommes étaient inquiets et préoccupés ; cependant ils mangeaient de bon appétit, car la faim est un besoin impérieux, qu’il est important de toujours satisfaire au désert, ne serait-ce que pour conserver les forces nécessaires pour faire face aux dangers de toute sorte dont on est constamment entouré.

— Que pensez-vous de la piste que nous avons relevée ce matin ? dit enfin Belhumeur en allumant son calumet, car le souper était terminé depuis un instant déjà.

— Je pense, répondit Olivier en hochant la tête, que c’est une piste de chasseurs blancs, et qu’elle est croisée, en deux endroits, par de nombreuses traces de Sioux et d’Apaches, et j’en conclus que ces chasseurs blancs sont chaudement poursuivis.

— C’est aussi mon avis, dit Belhumeur ; j’ajouterai que ces chasseurs ne doivent pas être très-éloignés de nous, et que probablement ils sont campés quelque part aux environs de notre bivouac.

— Qui vous fait supposer cela ?

— Pardieu ! la piste est toute fraîche ; ils n’ont pas dû passer plus de deux heures avant nous.

Olivier posa vivement la main sur le bras de Belhumeur, en murmurant d’une voix basse comme un souffle :

— Chut ! Regardez nos chevaux.

En effet, les deux chevaux avaient subitement cessé de manger ; leurs oreilles étaient couchées en arrière ; ils tendaient le cou et semblaient aspirer l’air autour d’eux.