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Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/190

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— Comme vous dites ; cousin, et bonnes connaissances, je m’en flatte, dit avec joie Belhumeur.

— Soyez le bienvenu, Sans-Piste, reprit gaiement Olivier ; fumerons-nous le calumet de l’amitié et boirons-nous un coup de bonne eau-de-vie de France, en réjouissance de cette heureuse rencontre ?

— Avec le plus grand plaisir, répondit Sans-Piste sur le même ton ; cela d’autant plus que je ne m’attendais guère à si bien tomber !

— Venez donc vous asseoir à notre feu de bivouac ; alors, tout en fumant et buvant à petits coups, nous causerons de nos affaires, car je ne pense pas que vous soyez venu ici au hasard et seulement par goût pour la promenade.

— Non pas, sur ma foi de Dieu ! s’écria le chasseur ; je viens au contraire causer de choses sérieuses.

— Mais, alors, vous saviez donc nous trouver ici ? s’écria Olivier.

Les trois hommes s’étaient accroupis autour du feu de veille ; les calumets avaient été allumés, l’eau-de-vie de France débouchée ; on fumait et on buvait, tout en conservant les yeux ouverts et l’oreille alerte.

À la question du jeune chasseur, le Canadien sourit d’un air narquois, et, après avoir vidé son gobelet rubis sur l’ongle :

— Précisons, dit-il : je vous guettais à distance depuis plus de trois heures ; je savais avoir devant moi des chasseurs blancs, voilà tout ; j’étais contraint de vous surveiller de trop loin pour vous reconnaître ; s’il en eût été autrement, je n’aurais