Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/191

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pas perdu un temps précieux à vous épier, je me serais montré tout de suite, et depuis plus de deux heures tout serait, j’en suis convaincu, convenu entre nous. Malheureusement, vous connaissez trop bien le désert pour vous laisser ainsi approcher ; j’ai dû attendre ; lutter de ruse avec vous et vous suivre comme des fauves au remisage, avant de me risquer à vous aborder.

— Mais ce qui est fait est fait, cousin, répondit Belhumeur ; il est inutile d’y revenir. Seulement il résulte, à mon avis, de vos paroles, que, pour agir ainsi que vous l’avez fait, vous aviez un grand intérêt.

— Un énorme ! s’écria Sans-Piste.

— Lequel ? expliquez-vous ? demanda doucement Olivier.

— Sur ma foi de Dieu ! la Chaudière-Noire, dit rondement Sans-Piste, je ne ferai pas plus de diplomatie avec vous qu’avec mon cousin Belhumeur ; vous êtes d’honnêtes et loyaux chasseurs, des hommes sûrs, auxquels il faut parler franchement ; c’est ce que je vais faire.

— Vous aurez raison, dit Olivier, et, si vous le désirez, nous vous donnerons l’exemple de la franchise. Nous en savons sur votre compte plus que vous ne le supposez, Sans-Piste…

— Oui, cousin, ajouta en riant Belhumeur ; nous pouvons même assurer que, si vous nous épiez depuis trois heures, nous vous suivons, nous, depuis près de trois mois.

— Vous nous suivez depuis trois mois ! s’écria Bois-Brûlé au comble de la surprise.

— En disant que nous vous suivons, dit Olivier, mon ami Belhumeur a peut-être un peu