— Que parmi tous les proverbes du bon Sancho Pança, il en est un qui toujours m’a paru d’une indiscutable justesse.
— Oh ! oh ! quel est ce proverbe, s’il vous plait, señor don Carlos ? demanda doña Dolorès avec un sourire.
— Le voici, señora, répondit-il en saluant ; il a surtout l’avantage d’être fort court : « Les montagnes seules ne se rencontrent pas ».
— Et vous concluez, caballero ?… reprit la jeune femme.
— Que nous nous reverrons, señora.
— Je ne trouve rien d’impossible à cela, reprit-elle.
— Ni moi non plus, dit Olivier.
— C’est l’affaire d’un voyage au Pérou, ponctua M. Maraval en riant.
— Non pas ! s’écria vivement don Carlos de Santona.
— Alors, dit sérieusement Olivier, je n’y suis plus du tout.
— Je suis trop vieux, reprit don Carlos de Santona, pour faire le voyage d’Amérique, à mon grand regret, car je me sens si porté vers vous, que peut-être vous aurais-je accompagné cette fois.
Les deux jeunes gens lui serrèrent affectueusement les mains.
— Non, continua-t-il, ce n’est pas cela ; je suis convaincu que nous nous reverrons. Rien ne me fera démordre de cette croyance ; mais ce sera ici même, en Espagne.
— Détrompez-vous, señor ; quand même je reviendrais en Europe — ce qui, à la rigueur, pour-