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Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/69

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rait arriver, puisque je suis marin, bien que je sois fermement résolu à ne plus sortir du Nouveau-Monde — je vous affirme que jamais je ne remettrai les pieds en Espagne !

— Peut-être ! fit-il en hochant la tête.

— L’avenir me donnera raison. Veuillez donc, cher señor don Carlos, croire au vif regret que nous éprouvons, ma femme et moi, de nous séparer de vous, et recevoir nos adieux.

Au revoir ! mon jeune ami, dit le vieillard en appuyant avec intention sur ces deux mots. Au revoir, señora !

— Vous y tenez, à ce qu’il parait ?

— Toujours reprit-il en souriant, et, pour finir par un proverbe : « Qui vivra verra ! »

Olivier et Dolorès n’essayèrent pas davantage de combattre une idée si opiniâtrement arrêtée ; ils prirent affectueusement congé de don Carlos de Santona, ainsi que de M. Maraval et de sa chère famille.

Le soir même, le brick le Zéphyr mit à la voile.

Deux heures plus tard, les côtes d’Espagne, s’abaissant de plus en plus avaient disparu dans les lointains bleuâtres de l’horizon.

Depuis plus d’un an, Olivier et Dolorès avaient constamment eu un tiers entre eux deux ; pour la première fois, ils se retrouvaient seuls ; leur joie, bien que concentrée, était vive ; ils en jouissaient avec toute l’ardeur du profond amour qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre, et que le temps, loin de diminuer, semblait au contraire accroître encore.

Cependant la traversée se présentait sous un aspect assez triste : le vent avait considérablement augmenté et avait fini par devenir complétement