Aller au contenu

Page:Alain - Le Citoyen contre les pouvoirs, 1926.djvu/169

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.






RÉPARER LES RÉPARATIONS

selon des lois naturelles aussi ; et celui qui les viole se trouve aussitôt rejeté à l’état de guerre avec ses risques indéfinis et l’instabilité qui lui est propre. Dont témoigne le prix du beurre, la mauvaise foi répondant infailliblement à la contrainte, d’après les rapports vrais de la Force et du Droit, qui nous renvoient au nez nos propres sottises. Or nous voilà à régler par la force une juste indemnité, ce qui est aussi un problème résistant, et par les mêmes causes. Quoi que vous imposiez, c’est la guerre qui continue ; la guerre n’a pas cessé un instant. Et pour ceux qui veulent la guerre, il importe peu qu’ils s’aveuglent ou non là-dessus. Mais pour ceux qui veulent la paix, il importe beaucoup qu’ils réfléchissent sur le Droit et sur la Force, sans quoi ils pousseront en aveugles avec les autres, et par les Traités comme par le canon, feront la guerre pour avoir la paix. Vainement.


« L’Alsace et la Lorraine sont redevenues françaisesLA VICTOIRE
NE GARANTIT RIEN.

« L’Alsace et la Lorraine sont redevenues françaises ; personne ne nous les arrachera. » Quand la même chose fut dite, et sur le même ton, au lendemain de la victoire, j’en fus choqué d’instinct, comme je l’aurais été si un champion de boxe avait dit : « Maintenant je ne serai plus jamais battu. » Je fis la part des passions, et d’un entraînement assez explicable. Maintenant il y a récidive. Il faut pourtant que le bon sens trouve à se faire entendre.

Tout est ridicule ici. Celui qui invoque la force pouvait dire seulement ceci : « On ne nous les arrachera pas sans combat ; et c’est une chose en tout

⸻ 165 ⸻