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Page:Alain - Le Citoyen contre les pouvoirs, 1926.djvu/217

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SOYONS AVARES

proposée en paiement à des nations qui n’ont point multiplié leur monnaie de la même manière.

« Mais, dit l’Économiste, le change dépend encore d’autres causes, et notamment du rapport de l’exportation à l’importation. » De mille autres causes, je l’accorde. Mais il me plaît de n’en considérer d’abord qu’une ; et je remarque qu’elle suffit, et que même l’effet réel n’est pas encore celui qu’on pouvait attendre d’après le travail de la planche à billets. Je n’ai donc pas à chercher d’autres causes, pour expliquer la baisse du franc. Ou bien je dois les supposer de petite importance au regard de celle-là, et provisoirement négligeables. Cette victoire n’est pas petite ; car c’est Law que je mets à la porte. Law l’immortel joueur de gobelets.

Tout échange d’un produit utile contre de l’or est une vente à crédit. VALEUR
DE L’OR.

Tout échange d’un produit utile contre de l’or est une vente à crédit. L’or est une espèce de billet payable en marchandises. Mais d’un autre côté, cet échange est toujours libre ; nul n’est forcé de livrer des marchandises contre de l’or. Si donc nous concevons un peuple qui produirait justement ce qui lui est nécessaire et ne produirait rien de plus, c’est vainement que vous tenteriez d’en tirer quelque chose en lui offrant tout l’or du monde. Ainsi il ne faut point dire absolument qu’un peuple qui a de l’or est bien riche ; il n’est riche que si les autres pays produisent en excédent les choses utiles ; il n’est riche que juste autant que les autres pays sont riches.

Mais, bien mieux, il n’est riche par l’or que s’il est lui-même riche par l’excédent de ses produits

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