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Page:Alain - Le Citoyen contre les pouvoirs, 1926.djvu/34

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LE CITOYEN CONTRE LES POUVOIRS

Il n’y a présentement qu’uneDÉCLARATION
DE PAIX.

Il n’y a présentement qu’une occasion de conflit entre nous et nos voisins de l’Est ; c’est cette guerre des Balkans, dont on a assez dit qu’elle peut mettre aux prises l’Autriche et la Russie, d’où, par le jeu des alliances, résultera naturellement l’état de guerre entre la France et l’Allemagne, et aussitôt, l’« attaque brusquée ». Nos pensées tournent dans ce cercle comme une mouche dans une bouteille. Or, ce risque ne peut être accepté. Il faut rompre le cercle ; il faut résolument modifier cet état d’équilibre instable, qui nous menace continuellement.

Que penserait un homme raisonnable d’un discours que je ferais à quelqu’un qui me croit son ennemi, afin de le rassurer ? « Vous me croyez décidé à vous attaquer à la première occasion ; je vous jure qu’il n’en est rien ; seulement s’il vous vient une querelle, nécessairement je serai contre vous, parce que je suis l’allié de vos ennemis. » Est-ce que la fin de ce discours ne détruit pas le commencement ? Or, un tel discours de la France à l’Allemagne est naturellement supposé, tant que nous n’affirmons pas bien clairement le contraire, et non seulement en paroles, mais aussi en action.

Les hommes de bon sens, en Allemagne aussi bien que chez nous, disaient après Agadir que les deux peuples ne se battraient pas pour le Maroc. Serait-il plus sensé de dire qu’ils devront se battre pour les Bulgares ou pour les Serbes ? Ou bien veut-on dire seulement, chez nous, que dans l’affaire du Maroc, nous n’étions pas sûrs d’être énergiquement soutenus par la Russie, tandis que, dans l’affaire des Bal-

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