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Page:Alain - Le Citoyen contre les pouvoirs, 1926.djvu/44

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LE CITOYEN CONTRE LES POUVOIRS

mon crime. Je n’ai plus ni formule, ni projet, ni système ; mais il y a des actes qui veulent un Non. Je dis Non. »

J’aime assez mon pays pour souhaiter que ce soit un Français qui parle ainsi, le premier en ce monde. Et advienne que pourra.

10 novembre 1912.

Le Parlement n’ose pas formuler l’idée effrayante qui domineABANDON
À LA GUERRE.

Le Parlement n’ose pas formuler l’idée effrayante qui domine toute notre politique. Chacun retombe dans ce lieu commun, trop évident : « Nous avons des raisons de craindre une invasion ; l’Allemagne voudrait annexer le quart de notre territoire ; tout le prouve, et ses armements et ses formations stratégiques. La Patrie est en danger ; ce problème domine tous les problèmes. Il s’agit de savoir si nous serons rayés de la carte de l’Europe, etc… » Par ces discours, se marque une espèce de refus de l’esprit devant le problème extérieur réel.

L’Allemagne parle toujours d’encerclement ; lisez les discours au Reichstag. Elle se voit menacée par une coalition formidable, où la Russie apporte ses ressources et son invincible patience, l’Angleterre sa flotte invincible, la France sa légendaire bravoure offensive et la volonté de réparer les effets d’une guerre malheureuse. Voilà comment les Allemands conçoivent les choses. Et ils n’ont, pour les aider, que des alliés dont la valeur militaire, d’après l’histoire, est loin d’être de premier ordre. Bien mieux l’une d’elles, l’Autriche, se trouve par les récents événements affaiblie du côté de l’Orient, et même à

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