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Page:Alain - Le Citoyen contre les pouvoirs, 1926.djvu/45

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PROLOGUE D’AVANT-GUERRE

l’intérieur par l’effervescence Slave. Dans ces conditions, il est naturel que l’Allemagne se prépare à la Défense par l’effort militaire le plus remarquable qu’on ait encore vu. Et l’on comprend même que des esprits hardis considèrent là-bas que la défense allemande serait mieux assurée, si l’occasion se présentait d’une offensive hardie, contre nous surtout, si d’habiles négociations paralysaient à ce moment là les pouvoirs instables de la Russie et surtout l’Angleterre toujours si prudente et si réservée dans ses alliances.

Après cela, et après les récentes entrevues de souverains, il n’est même pas sûr qu’une politique française trop engagée envers la Russie, trop confiante envers la coopération anglaise, soit la meilleure pour le salut de la Patrie. Ce n’est peut-être qu’une politique de dupes ; l’histoire en offre des exemples. Toujours est-il que cette politique conduit tout droit à la guerre, non sans d’énormes risques. Quel est le Français raisonnable qui risquerait notre patrimoine à ce jeu de hasard ?

Aussi n’est-ce pas ainsi qu’ils pensent. Ils se laissent aller. Ils disent et ils veulent croire que le péril extérieur ne peut être conjuré que par la défense armée. Ils négligent l’action diplomatique, qui, depuis les événements balkaniques, devrait être active, prudente, ouvertement pacifique, quoique sans humiliation ; ce problème devrait tenter des hommes d’État Radicaux. Mais, par des influences intérieures et extérieures, notre politique est comme enchaînée. L’auteur pourtant désavoué du premier Encerclement est à Pétersbourg ; notre action diplomatique est secrète ; le Parlement laisse faire comme si la

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