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Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/111

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alors les membres et la tête de l’homme assassiné tombent par la cheminée dans la poêle. Je ne veux pas transcrire ce récit, et il le faudrait. Il faudrait aussi, par contraste, raconter les Grues d’Ibycus, où au contraire la suite des événements est toute naturelle et ne cesse pas de paraître telle ; et le dieu qui punit est tout dans le coupable. Mais il n’est pas mauvais que le lecteur recherche lui-même ces grands témoignages, sachant qu’il y retrouvera la suite des dieux selon l’ordre, étant bien entendu que la religion ne se divise point, et que dieux et diables, si l’on peut dire, sont tous ensemble, comme le ventre, la poitrine et la tête sont toujours ensemble.

Revenons à la solitude des bois, et aux nuits silencieuses, où la peur est goûtée toute pure, et sans aucun art. L’homme ne peut voir derrière lui, ni se défendre derrière lui. Même devant lui, et en pleine lumière, l’homme ne voit jamais qu’un côté de l’arbre. Les bêtes, s’il y en a, ne