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Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/17

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ment prendre place parmi les vérités positives. Nous en savons assez là-dessus pour affirmer que tout serait vrai, même les extravagances d’un fou, si nous savions tout.

Spinoza dit qu’il n’y a rien de positif dans l’erreur, ce qui signifie qu’en Dieu l’imagination de l’homme est toute vraie. Je désespère, pour ma part, de former jamais, à la manière de ce maître difficile à suivre, une intuition de cette sagesse des prophètes et vociférants, qui ne ferait qu’un avec la méditation du sage. Toutefois cette grande idée ne peut être écartée, quoique, à mon sens, il soit de sagesse d’en retarder l’avènement, ce qui est se promettre une doctrine de toutes les religions comme vraies, et en même temps l’ajourner autant qu’on pourra. Si je pouvais penser les dieux en dieu et comme dieu, tous les dieux seraient vrais ; mais la condition humaine est d’interroger un dieu après l’autre et une apparence après