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Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/224

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traire, nous enlèveraient le courage par cette décevante instabilité qui est, si l’on peut dire, leur loi. Toutes les divinités agrestes sont des pensées évanouissantes, des pensées qu’on ne peut former. Et au contraire les outils et leur trace sont d’immobiles pensées. L’idée de se fier à toute forme constante est l’idée religieuse même ; ainsi la notion du paganisme comme religion irréligieuse est inséparable de la religion même, et la lutte des dieux de la cité et du dieu de l’esprit contre les dieux de la terre n’a jamais cessé et ne cessera jamais. La chose qui nous rappelle et que nous retrouvons, comme statue ou calvaire, est directement opposée à ces apparitions qui n’ont jamais lieu qu’une fois, et que l’on ne peut que raconter. Il y a toujours eu et il y aura toujours de faux dieux, et le temple, si bien tracé, mesuré et équilibré, le temple si résistant est la limite où ils viennent périr ; en sorte que le mystère n’y est point, quoiqu’on l’y cherche toujours.