Aller au contenu

Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/32

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de l’humaine situation. Toutefois, comme il n’est pas mauvais d’accorder avec la croyance cette partie de l’intelligence qui veut toujours douter, j’examinerai d’un peu plus près d’abord le langage du geste et toutes les écritures naturelles qui en sont la trace, et ensuite le cri modulé. Un homme qui se couche dans l’herbe y écrit sa forme, comme ferait un chien ou un lièvre ; et puisque l’homme pense, et qu’il se roule selon ses pensées, je puis dire que l’homme écrit ses pensées dans son lit d’herbes. À vrai dire, il n’est pas facile de lire cette écriture ; c’est pourquoi tous les arts plastiques font énigme. L’homme est lui-même une énigme en mouvement ; aussi la question ne reste jamais posée ; au lieu que le moule en creux, la trace d’un pied, et, par une suite naturelle, la statue elle-même, comme les voûtes, les arcs, les temples où l’homme inscrit son propre passage, restent immobiles et fixent un moment de l’homme ; sur quoi l’on peut méditer sans fin ; et tel