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Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/31

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c’est laisser le problème ouvert. Et ce développement succinct, qui mérite de grandes réflexions, éclaire de diverses manières mon grand sujet. Car, d’un côté, nous comprenons que les hommes croient plus aisément ce qu’on leur raconte que ce qu’ils voient. Mais, d’un autre côté, j’en tire qu’il est plus sain de tout croire, ce qui est apprendre à croire, et ne jamais s’enfermer dans ce qu’on croit. Dès que l’on veut s’instruire sur la nature humaine, ce qu’on dit, absurde ou non, doit être premièrement laissé dans son état naïf, qui vaut cent fois mieux qu’un arrangement vraisemblable, dont vous ne tirerez que des lieux communs. Dont je donnerai, sachez-le bien, plus d’un exemple.

Mais ce n’est encore considérer que l’extérieur du langage. Le langage est une chose de nature, comme le foie et les reins. Rien ne me fera croire que le langage, soit parlé, soit mimé, ne révèle pas à sa manière la vérité de la structure humaine et