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Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/37

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ment à fixer le langage, et à redresser l’abréviation et l’accent local, par les règles du rythme et de la rime, que le récitant est naturellement amené à respecter et même à proclamer. Par ces causes la langue parlée elle-même devient un instrument à penser beaucoup plus précis qu’on ne voudrait croire. On sait que la plus rigoureuse logique n’est qu’un inventaire des liaisons qui font dépendre une manière de dire d’une autre. On sait moins que le vocabulaire enferme des trésors de pensée, et une sorte d’impossibilité de décrire mal pour celui qui connaît la langue des grandes œuvres. Auguste Comte en a donné plus d’un exemple, et je signalerai seulement, comme des articles du dictionnaire propres à orienter et régler la recherche, les mots cœur, peuple, méchant, nécessité, goût, grâce, repentir, parlement, constitution ; mais je citerais tous les mots consacrés par l’usage ; et en tous je trouverais une leçon de choses et un article d’humanité. Ce