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Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/54

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car cet obstacle, s’il le soupçonne, est bien peu de chose à côté des volontés de la mère, du père et du cuisinier. Et comme on arrive presque toujours, et finalement toujours, à séduire ces maîtres capricieux, et par l’étrange moyen des signes, il reste comme fond de tableau, et comme sommaire de la physique, une inépuisable abondance, et un univers tout fait pour l’homme. Sur la plage de famille, devant laquelle j’écris, on comprend très bien que les sauvages forces de l’Océan, des pierres et du sable, soient seulement prises comme des conditions de jeu. Même la pêche n’est qu’un jeu. Et le propre de ces obstacles qui rendent le jeu possible, c’est qu’il n’importe guère qu’on les surmonte ou non. On peut dire que la défense d’aller en eau profonde vient longtemps avant la menace de l’Océan lui-même. Ainsi l’obstacle se dérobe, ou bien on s’en détourne. Très certainement c’est la nécessité de manger, de s’abriter, de dormir, qui fait connaître