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Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/55

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l’autre nécessité, celle du monde qui ne promet rien. Aussi peut-on dire que l’enfance ne connaît d’obstacle que le sentiment, qui encore est presque tout de respect et d’amour. Telle est pourtant bien l’expérience qui nous instruit la première. Et nous savons tous que cette expérience, qui cesse à chaque instant d’être vraie, n’en a pas moins été vraie, et de plus en plus à mesure qu’on remonte jusqu’aux fleuves de lait ; car il y eut un temps où cette métaphore n’était pas métaphore ; et un temps encore où le tissu humain enveloppait tout l’enfant et le baignait d’un sang tout fait. Mais on ne remonte point. Simplement on rêve que les choses sont encore ainsi quelque part. Toujours est-il que ce paradis est perdu, et que l’on feint de le regretter. Ce qu’il y a de feinte dans les fictions nous ne le saurons jamais assez. Là-dessus les jeux peuvent nous instruire. Mais il faut diviser.

Ce qui me paraît ici à remarquer,