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Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/56

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comme dans l’âge d’or, comme dans le paradis terrestre, c’est d’abord un état d’innocence et d’ignorance, dont nous sommes sortis par notre faute ; ce qui est aussi très vrai ; car l’enfant choisit d’être homme, et ne cesse pas de faire ce choix. On peut même dire qu’il anticipe sur sa destinée, méprisant toujours le facile et cherchant le difficile, curieux, à travers tant de reproches frivoles, de la vraie faute et du vrai châtiment. Il y a du tragique dans l’enfant qui fait le méchant, et ne sait pas encore ce que c’est. Il cherche ; il brouille les mots et les signes, et remue les passions comme il remue l’eau et le sable. Une nécessité est ici pressentie, qui n’est encore que fatalité. Mais le péché originel est partout, originel en ce sens qu’il est voulu bien avant d’être connu ; toutefois ce qui est pressenti, comme au bout des doigts, c’est bien la nécessité véritable ; et, quoiqu’elle soit d’abord mesurée aux forces, et qu’elle ne se montre pas au