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Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/58

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L’homme fut condamné à travailler. Très vrai. Et très vrai aussi qu’il y comptait bien. Toutefois cette acceptation ne va jamais sans tricherie. C’est que jamais le travail ne fera exister tout l’Univers. La marge du réel s’étend à mesure que l’homme le change à grand’peine. Mais, au delà de la peine s’étend toujours le spectacle ; et l’idéalisme reste vrai pour les espaces où l’action humaine ne peut atteindre. En quoi il y a plus d’une idée à débrouiller, comme on le pressent assez. Il faut d’abord, selon l’esprit de ce chapitre, s’arrêter à l’idée d’un bien obtenu sans travail. L’être de l’enfant n’est jamais sans travail ; seulement c’est la nécessité du travail qui ne lui apparaît pas. Il grandit, il se fait des muscles, et c’est là son travail ; il apprend, et c’est ce qu’il nomme travail ; mais l’enfant ne gagne point sa vie ; ou alors il est sorti d’enfance. L’école, ce vase clos, représente bien le lieu où les travaux n’ont point de salaire ; et de là se