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Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/62

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nons que le fruit attend qu’on le cueille. Au reste, l’extrême fertilité de la nature est elle-même un danger, par le pullulement animal et par l’exubérance végétale, sans compter la multiplication de l’espèce humaine. Mais cette nécessité toujours pressante, aussi proche et aussi inexorable que la pesanteur elle-même, ne peut toucher l’enfant sans qu’il périsse. C’est pourquoi son expérience lui apprend bien plutôt que le monde est bon et bienveillant, et que la misère, comme le travail, sont les effets de la méchanceté de quelqu’un. Les fruits de la terre sont à tous, dit-on. Mais y a-t-il des fruits de la terre ? Les jardins sont bien trompeurs. Il n’y a que des fruits du travail.