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Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/67

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lieu que la magie qui nous fut naturelle, et qui l’est toujours un peu, d’obtenir par signes, reste comme la trame de nos connaissances les plus positives ; elle nous est présente, comme l’autre côté d’une maison nous est présent, sans que nous pensions que nous l’avons vu tel jour et en telle circonstance ; et c’est plutôt mémoire que souvenir. De même les fictions nous sont familières et présentes, quoique non perçues, comme un autre côté de la vie, et un envers de toutes les choses.

Qu’est-ce donc que le réel ? Par opposition à l’incohérent spectacle, le réel c’est ce qui est attendu, ce qui est obtenu et retrouvé par notre propre mouvement. C’est ce qui est pressenti comme étant en notre propre puissance, et répondant toujours à notre action. Le jeune physicien, dès qu’on le laisse à lui-même, frappe la table de son hochet ou de son poing. Il ne se lasse pas de recommencer. D’où ces petits fragments d’Univers, toujours mesurés auxet -> est