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Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/98

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manière dont il gagne sa vie. Mais cette pensée elle-même a grand besoin d’être appliquée ; ou bien ce n’est qu’une vision comme une autre. Le prolétaire, autant qu’il vit et pense selon le travail réel, le travail contre la chose, est naturellement irréligieux. Mais aussi il n’y a pas de prolétaire pur. Et encore faut-il dire que le risque du prolétaire pur est de se tromper sur la politesse, sur les signes, sur le crédit, sur la persuasion, et en un mot sur la religion elle-même. C’est qu’il ne la pense pas vraie. Et il faut, comme j’en ai averti en commençant, que tout soit vrai finalement ; le non-être n’est rien et ne fait rien.

Tout contrat est un arrangement de signes, qui recouvre une organisation des travaux. Le premier côté est bourgeois, l’autre est prolétarien. Un procès se meut dans les signes, et veut accorder les signes ; mais il arrive quelquefois aussi que le tribunal se transporte sur les lieux mêmes ;