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Page:Alain - Lettres à Henri Mondor, 1924.djvu/48

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LETTRES D’ALAIN

ce mouvement, qui commence chacune de nos actions, est aussi, quand il est retenu, à la naissance de chacune de nos pensées. Mais je dois diviser, si je veux développer.

Il me semble que le passage de l’émotion au sentiment se fait par l’action d’abord. Par quoi le tumulte organique est d’abord méprisé, et aussitôt surmonté, enfin repris à la manière des ornements par la ferme ligne de l’action ; et cette sonorité des peines fondues en joie est ce qui donne un corps à la victoire. Non sans pensée, cela va de soi, car on n’en saurait rien ; mais il faut que le discours sépare ce qui est ensemble. C’est pourquoi je suis d’abord l’oublieuse action. Violente d’abord, comme on voit dans le nourrisson qui s’agite et crie contre soi.

Le mouvement naît du muscle ; il faut partir de là, et écarter cette vue mythologique