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Page:Alain - Lettres à Henri Mondor, 1924.djvu/49

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CINQUIÈME LETTRE

d’après laquelle le mouvement nait d’un centre des nerfs. D’après ce que l’on sait, la fonction des nerfs est autant d’arrêt ou de modération que d’excitation ; mais ces difficiles recherches seraient peut-être éclairées si l’on examinait comment une action réussit. La maladresse est la loi de l’essai humain ; et je crois qu’on trouverait qu’elle est la loi aussi des mouvements de l’instinct, si l’on étudiait jusqu’au détail l’araignée, le fourmi-lion, et l’oiseau qui fait son nid, au lieu d’admirer sommairement les effets. Tenons-nous à l’homme, pour lequel il est clair que le moindre mouvement est d’abord contrarié ; et la peur est l’effet de cette contrariété, bien loin qu’elle en soit la cause. Le fait est que le maladroit use en même temps de tous ses muscles, et que la perfection d’une action, que ce soit la danse, ou le tir à l’arc, ou la couture, suppose que la terreur