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Page:Alain - Lettres à Henri Mondor, 1924.djvu/58

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LETTRES D’ALAIN

Mais qu’est-ce que le sublime ? Par chance nous le savons ; et l’illustre Kant n’a point manqué cette vertébrale notion. Nul objet n’est sublime. Un objet grand et écrasant n’est dit sublime que par retour sur le faible penseur, mais invincible, qui se rassemble en vue de mourir entier. Le sublime, c’est donc le vouloir ; non pas l’ordinaire du vouloir, qui se poursuit par des voies praticables. Non, mais le vouloir par réflexion et ralliement, ramassé et portant à lui seul toute l’espérance. Ainsi sentiment de soi libre, par cette reprise athlétique qui rend à chaque partie le facile gouvernement sur toutes, et qui est toute la santé pour l’homme dès qu’il est sorti de nourrice.

Par opposition je dirais de toute maladie, comme Hegel a voulu le dire, que c’est une séparation ou un schisme, et comme une vie particulière et tyrannique en cette république