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Page:Alain - Lettres à Henri Mondor, 1924.djvu/59

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SIXIÈME LETTRE

des muscles et des tissus, ce qui humilie et aussitôt indigne ; le principal de la maladie étant colère et désespoir ensemble, ce qui va toujours à une sorte de folie par une fureur de déraisonner, de vous bien connue. Or il y a ici des degrés sans nombre, et l’ennui siège dans la région intermédiaire où les sentiments se dissolvent à mesure qu’ils se forment, à défaut de la sublime Fidélité. Car il y a toujours des raisons d’abandonner, qui est s’abandonner, et au fond cette diabolique raison que tout est fatal en nos événements ; et tout l’est bien, si l’on y consent. C’est pourquoi, au rebours, c’est un bon exemple du sublime que ce mot d’empereur : « Mourons debout. »

Or cette énergique réaction est de toute minute. C’est pourquoi je donnerais encore comme sublime ce mot de mon maître Lagneau disant : « Être ou ne pas être, soi et toutes