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Page:Alain - Lettres à Henri Mondor, 1924.djvu/65

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SEPTIÈME LETTRE


Il y a aussi une grâce de penser. Que les passions tristes y soient contraires, c’est ce que l’expérience la plus commune a fait voir depuis longtemps. Et c’est en ce sens qu’on a répété avec raison que l’œil de l’observateur doit être sec de larmes. Il faudrait donc, si l’on voulait bien penser, n’aimer rien. Mais il y a aimer et aimer. Et toujours est-il qu’il faudrait faire une différence entre l’amour et la haine : ce que je trouve noté dans Comte, et nulle part ailleurs que je sache ; et j’en veux transcrire ici quelques mots : « En reprochant à l’amour d’être souvent aveugle, on oublie que la haine l’est bien davantage, et à un degré