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Page:Alain - Lettres à Henri Mondor, 1924.djvu/70

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ces armes pour découvrir sont d’abord sans force si le cœur ne les pousse ; c’est pourquoi la première des Physiques et la mère de toutes, fut naturellement poésie. Or c’est là que je veux que vous portiez aujourd’hui votre attention. Car la vraie science est de police et vise toujours à se délivrer du rêve initial que je décrivais, où tout est ensemble et où sont mêlés, sous l’idée d’un destin insurmontable, la nécessité extérieure que je dois finalement prendre pour ce qu’elle est, et mon propre royaume, que je dois gouverner au mieux. Le fou ne perçoit que son corps et prend ses rêves pour le monde. En quoi il y a une sorte de vérité, comme je disais ; car, étant comme il est, il ne peut faire que les apparences n’apparaissent pas. Mais disons mieux ; il n’est rien proposé à personne que les apparences dont le fou fait ses pensées. Apparences, les angles d’un cube, que je ne