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Page:Alain - Lettres à Henri Mondor, 1924.djvu/71

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SEPTIÈME LETTRE

vois point droits ensemble ; apparences, le lever et le coucher des astres ; apparence, ce soleil qui n’est pas plus grand que la lune ; apparence, cette lune plus grosse à l’horizon qu’au zénith, comme je le remarquais encore pour cette lune pascale ; et je ne pouvais m’empêcher de la voir ainsi ; mais je savais bien que je ne la voyais pas ainsi ; et quand je l’aurais vue comme il fallait, je ne me trouvais pas quitte encore, sachant bien que je ne devais pas la penser comme je la voyais. Mais la vraie lune, comme vous savez, aucun œil ne l’a jamais vue, ni le vrai soleil. Ne méprisez point ces exemples simples ; en des objets plus proches je ne trouverais point, sans doute, d’aussi sévères leçons, et l’impatience d’agir me détournerait de connaître. Dans le fait c’est par les choses du ciel, inaccessibles, que la délivrance a commencé ; c’est par elles que s’est faite, d’abord,