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Page:Alain - Lettres à Henri Mondor, 1924.djvu/76

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LETTRES D’ALAIN

de la découvrir. Revenant à ce corps humain dont les affections traduisent sa propre structure et celle de l’univers autour, mais tout mêlé, je dirais que l’objet du savoir est seulement de démêler ce qui est à nous et ce qui est extérieur, reculant le soleil en son lieu comme il recule cette fenêtre, cet arbre, cette barrière, cette route, ce pont, chaque chose à sa place ; ainsi ce que la perception commence, la science le continue ; et, comme j’ai appris et je sais que ce pont a un autre côté et se présente sous d’autres vues encore, ce que j’explique par sa forme, ainsi Copernic nous a appris à mieux percevoir la forme du système solaire et ses mouvements ; et, comme je suis, en son parcours, cette voiture d’après ses apparitions, ainsi je suis Vénus faisant son tour, et Mars, et la Terre elle-même sur laquelle je roule, corrigeant les mouvements d’apparence,