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Page:Alain - Lettres à Sergio Solmi sur la philosophie de Kant, 1946.djvu/27

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LES PROLÉGOMÈNES

comme Science. Ici les divisions de la Critique sont oubliées et l’analyse part de cette difficile question : comment une physique a priori est-elle possible ? Comment une arithmétique ? Comment une géométrie ? Ces analyses, qui doivent rester illustres dans la philosophie, font apparaître l’espace et le temps. Oui, c’est la mécanique a priori, c’est l’arithmétique a priori qui supposent la forme du temps. Ici la paresse du disciple est fortement secouée ; car le temps va se dérober encore mieux que l’espace à toute exposition tranquille. J’ai déjà cité l’axiome : deux temps différents sont nécessairement successifs, ce qui est une manière de dire qu’il n’y a qu’un temps.

Revenons aux exemples fameux. Kant ne se lasse point de considérer la proposition : 7 + 5 = 12. Mais que signifie ? Considérons l’exemple le plus simple en ce genre : 2 + 2 = 4, si vigoureusement analysé par Leibniz, 2 + 2 = (2 + 1) + 1, car 2 = 1 + 1, 2 + 1 étant la définition de 3, nous arrivons à la somme 3 + 1, qui est la définition de 3. Mais est-ce que cela signifie que le jugement 2 + 2 = 4