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Page:Alain - Lettres à Sergio Solmi sur la philosophie de Kant, 1946.djvu/58

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PHILOSOPHIE DE KANT

sique. La seconde procède uniquement par concepts, la première par construction de concepts. Mais combien d’hommes éminents ont été, tel Leibniz, trompés par cette apparence, que la Mathématique, arrivant à une connaissance par les concepts, semble promettre à la métaphysique un succès certain ! Il y a donc beaucoup à dire sur la discipline de la raison à l’égard d’elle-même. C’est ainsi que se montrent ce que Kant nomme les maximes de la raison, qui certes ne sont pas des règles : on voudrait dire qu’elles sont plutôt les lois morales de la pensée. On comprend qu’il y ait une morale de la Raison pure, entendez des précautions qui la préservent de se laisser aller à la facilité naturelle. Par exemple, dans l’usage polémique, la raison ne doit jamais s’aventurer dans le domaine des objets absolus, où, par exemple, le matérialisme s’établit comme une métaphysique trompeuse. D’où cette règle que la raison doit s’en tenir à la défensive, et se garder absolument de l’offensive, attendu qu’il est impossible de prouver qu’un objet fantastique, pensé seulement par