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Page:Alain - Minerve ou de la Sagesse, 1939.djvu/10

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AVANT-PROPOS

C’est seulement ainsi qu’on trouvera prise pour les idées à force de les avoir ajustées aux étroits passages que laisse l’univers.

Dès lors, les problèmes de l’action, qui sont l’épreuve de l’apprenti, s’éloignent comme dans un brouillard. Chacun s’aperçoit qu’il est dans l’action et qu’il n’a qu’à continuer. Telles sont les contradictions qui s’offriront ici à l’homme accoutumé à croire qu’il a assez étudié les préliminaires de l’art humain fondamental, qui propose à chacun d’être un homme. En gros je veux dire qu’il n’y a rien à changer aux conclusions, mais plutôt aux commencements, comme les difficultés très ardues du genre Einstein en donneront des exemples. Étant quelquefois bien fâché de n’être plus donneur de conseils, je n’ai pu me priver de recommencer l’ancien métier, pour l’élève qui a vieilli et qui a juré de se passer de conseils. Très bien de jurer, mais un livre n’est pas un donneur de conseils, puisqu’il n’entend pas les questions. Courage donc ; car je remarque une prodigieuse somme d’intelligence et de courage, et un étrange arrêt des esprits, comme à un encombrement.

Alain.

Le 6 novembre 1938.