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Page:Alain - Minerve ou de la Sagesse, 1939.djvu/229

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LA PRIÈRE

obéit, comme un corps qui va tomber, et qui est répandu déjà sur les coussins. Vous admirerez comment, ayant supprimé ce cri, qui est une sorte d’opinion, vous supprimerez en même temps toute espèce d’opinion. En tout cas, revenant par la forme à votre première enfance, vous retrouverez la paix de la première enfance. Vous vous confiez ; vous flottez un moment dans ce grand univers, vous vous laissez porter. Ce court moment est ce qui sauve le coureur, le boxeur, le pianiste, le gymnaste ; c’est de là qu’il se réveille pour l’action libre et déliée. Après cela, quand vous savez vous détendre et consentir à vous, ne cherchez point quelles pensées vous devez avoir en cette respiration de nature ; elles viendront d’elles-mêmes, et ce seront, je le parie, des pensées d’enfance, légères et aimées.

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