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Page:Alain - Minerve ou de la Sagesse, 1939.djvu/237

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LXVII

UN GENRE DE PAIX

Il est bien aisé de laisser Dieu dans un nuage, et c’est ce que la raison conseille ; d’où on arrivera sans peine à enseigner tout d’après l’entendement le plus rigoureux, sans offenser jamais aucune religion. De leur côté les religions se plient assez et trop aux mœurs et aux nécessités, comme on l’a vu. Et les commandements de Dieu n’ont point empêché que la guerre fût prêchée. La conciliation se fait donc. Mais je n’aime point trop la conciliation. J’aimerais mieux mettre au clair quelque conflit d’idées, qui m’expliquerait le conflit de fait. Je lisais qu’un vieil Alsacien, quoique la neutralité, comme on dit, fût promise, tenait pourtant ferme sur ceci que la morale devait être enseignée par le prêtre. Regardons ici. Cherchons l’attitude naturelle et le sentiment profond.

L’idée de Dieu termine un système par le haut ; c’est le système des pouvoirs. Par exemple le droit divin d’après lequel Louis XIV gouvernait résulte évidemment de la toute-puissance de Dieu. Car un pouvoir établi, surtout ancien, fait partie de cette lourde existence totale qui nous tient tous, et qui est providentielle. Il faut donc adorer aussi le roi, sous cette réserve que le roi, à son tour, doit compte

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