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Page:Alain - Minerve ou de la Sagesse, 1939.djvu/39

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USAGE DE L’INSTINCT

Le culte des animaux est une pratique ancienne, toujours puissante par l’imagination. Quoi de plus touchant que de supposer dans les hirondelles ou dans les cigognes un sentiment des saisons bien plus précis que notre abstraite science ? Toutefois quand je remarque, dans la chaleur de l’été, quelques pailles tournoyant qui prennent la forme d’une petite trombe, je pourrais bien dire que ces pailles connaissent le cyclone mieux que je ne le connais. Supposition qui fait rire. Or je crois que les oiseaux migrateurs ne sont autre chose que des pailles au vent, qui me rendent sensibles certains changements de l’atmosphère. Ainsi est exorcisé l’instinct, qui est sans doute le dernier des dieux. Ce travail se poursuit par d’innombrables recherches, où l’on présuppose toujours que l’animal, en toute circonstance, fait des mouvements selon sa forme et selon la situation environnante, exactement comme les pailles au vent, quoique leur structure, leurs articulations et leurs réserves chimiques, leur fassent faire des sauts plus compliqués.

Le subconscient est une réalité de même ordre que l’instinct. On peut y joindre un mystérieux savoir ;

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