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Page:Alain - Onze Chapitres sur Platon, 1928.djvu/114

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mouvements soudains, qui, bien que participant au plus haut de l’âme, il n’importe, n’en remuent pas moins, en ce tourbillon indivisible, toute la vase marine sur laquelle reposait notre transparence. Il y a pis qu’Hippothalès rouge et suant ; il y a le Charmide, où Socrate lui-même ressent un choc trouble, et, chose qui importe à savoir, est tout remué par un céleste désir, par une incorporelle amitié. Il n’en peut être autrement puisque notre âme, en son mouvement imité des sphères supérieures, ne cesse d’entraîner et de former, à grand péril, une argile lourde. Les douces larmes, disais-je, en témoignent ; or cette sueur des larmes sublimes est de la même eau et du même sel que toute sueur. Platon prend l’homme tel qu’il le trouve, au-dessous de lui-même et sans limites qu’on puisse marquer, dès qu’il n’est pas au-dessus. Si, par le changement des mœurs, Platon vous saisit scandaleusement, et au-dessous de ce que vous pensez pouvoir être, l’avertissement n’en est que plus fort. Suivant Platon qui n’a jamais menti, qui m’a décrit à moi-même tel que