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Page:Alain - Onze Chapitres sur Platon, 1928.djvu/148

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principal. N’oublions pas que ces systèmes politiques ont pour fin de nous expliquer l’intérieur de l’homme. L’objet politique n’est encore qu’une autre fable, un spectacle, qui, parce qu’il va comme il va, et tout naïvement, doit donner leçon au sage, lequel a charge premièrement de lui-même. Et il est toujours vrai que l’amère leçon de ce grand mouvement, dans lequel nous sommes pris, est ce qui nous réveille et nous éclaire à nous-mêmes. Faute d’avoir considéré assez longtemps l’objet politique, dont les secrets sont sous les yeux de chacun, comment saisira-t-on, comme par effraction ou divination, le secret des autres et de soi ? Ici les vues les plus profondes, sur l’homme d’honneur, déjà sans tête ; et puis sur l’homme riche, vainement établi à la frontière des désirs, et essayant de les gouverner les uns par les autres. Il faut que les désirs prennent le commandement ; tous ; tous égaux ; et voilà l’homme démocratique. Tu n’as pas fini, lecteur, ni moi, d’apprécier à sa valeur ce charmant portrait d’un homme charmant, qui ne sait rien se refuser. Comment la passion le guette et le