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Page:Alain - Onze Chapitres sur Platon, 1928.djvu/173

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chose digne de remarque, il ne me tient que par cette folle pensée qu’il me tient ; car l’éternel mouvement du Timée nous fait des jours neufs et des minutes neuves. Mais notre faute est d’essayer encore une fois la même vieille ruse, en espérant que Dieu changera. C’est pourquoi je me suis attaché au récit de Er, et j’ai voulu prendre pour moi ces choix éternels, et ce jugement, en tous les sens du mot, de moi-même par moi-même à chaque instant. Afin que toi, lecteur, et moi nous soyons dignes de Platon au moins un beau moment. Car cette présence de l’éternel et j’ose dire cette familiarité avec l’éternel, enfin cet autre monde qui est ce monde, et cette autre vie qui est cette vie, c’est proprement Platon. Et ce sentiment, que j’ai voulu réveiller, qui est comme un céleste amour des choses terrestres, ne sonne en aucun autre comme en lui.

FIN