Page:Alain - Onze Chapitres sur Platon, 1928.djvu/39

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

III

PARMÉNIDE

J’ai approché l’homme, mot bien jeune et lui bien vieux ; il m’a paru avoir une profondeur de tout à fait grande race.
(Thééthète.)

Ce qu’il y a de plus beau dans le célèbre Parménide, c’est que Socrate y est jeune encore ; ainsi Platon n’est pas né ; quelque chose de la doctrine s’élabore avant lui, sans lui. Ce sont comme des pensées laissées à elles-mêmes, et qui préparent sa venue. Se chercher soi tel qu’on était avant de naître, c’est le mouvement humain ; car nous ne nous risquons à penser d’abord que sous le masque de nos prédécesseurs. Pensées météoriques. Un ciel orageux d’abord, où percent quel-