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Page:Alain - Onze Chapitres sur Platon, 1928.djvu/40

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ques rayons ; et puis tout rit, l’éther se creuse ; ce sont des pensées de ce pays-là.

D’abord, sur les idées, sur la participation des choses aux idées, sur le rapport des idées à Dieu, ce sont des échanges à demi-mot entre Socrate et les deux augures, Parménide, le philosophe de l’Un, et Zénon, le Zénon de la flèche et de la tortue. Toutefois ces deux illustres laissent un moment leur doctrine propre, comme s’ils en étaient rassasiés, et s’entretiennent des idées éternelles par allusion, comme d’un sujet cent fois débattu, et déjà tombé au lieu commun. C’est par les idées que les choses sont ceci ou cela, grandes ou petites, belles ou laides ; mais comment cela se peut-il, si les idées forment elles aussi comme un monde de choses éternelles et incorruptibles ? Comment chaque idée, étant unique, peut-elle se joindre à plusieurs choses ? N’est-ce point par la ressemblance que se fait cette union, et la ressemblance n’est-elle pas une autre idée, distincte de l’idée et de la chose ? Ou encore l’idée commune à l’idée et à la chose n’est-elle pas une idée, et ainsi sans fin ? Il y aurait